mercredi 30 janvier 2013

La zone de lecture

Salut!

Tous les lecteurs où presque ont leur petit coin privilégié pour s'installer bien tranquillement et plonger dans un bouquin.  Le mien, c'est celui-ci:



Et oui, c'est de là que je dévore les livres dont je vous parle par la suite.  Tout est songé dans ce petit coin.  La pile de livres en cours est sur l'accoudoir du divan.  Sur la petite table verte et sur le bac bleu, il y a ceux que je n'ai pas encore rangé parce que je me dis que je vais les lire bien vite.  Bon, c'est pas toujours le cas, mais quand même!  La lampe juste à droite est parfaitement bien placée pour que je puisse lire tranquille le soir.  Le jour, c'est la lumière naturelle qui me vient par la fenêtre sur la droite de la photo.  Le divan en lui-même est très confortable, je peux y passer des heures et des heures assisses sans ressentir d'inconfort, à moins que je ne sois dans l'une de mes périodes où la folie me prend de jouer au kama-sutra du lecteur et que je me tords dans toutes sortes de position pour lire.  Ça arrive de moins en moins souvent.  La sagesse en vieillissant je suppose! :P

Stratégiquement, un petit espace est resté libre sur le bac bleu pour pouvoir y déposer en tous temps soit une tasse de thé, soit un verre de vin (l'hiver), soit un verre de bière bien fraîche (l'été).  Et les couvertures... Elles sont là pour s'assurer que je ne gèle pas en hiver, mais qu'au contraire, je lise bien au chaud.  Remarquez, là, c'est un vrai bordel, d'habitude, je les plie!  Ah oui et une fois enroulée dedans, j'ai toujours un coin déplié pour qu'une petite représentante de felis sylvestris catus puisse venir se blottir contre moi et ronronner tout à son aise.

Et vous, de quoi a l'air votre petit coin privilégié pour lire?

@+ Mariane

lundi 28 janvier 2013

Vendre un livre dont les médias n'ont pas parlé

Salut!

J'ai parlé dans un précédent billet du fil subtil de l'émotion, de ce lien si petit, invisible, qui relit les livres entre eux dans la tête du lecteur.  Un des moyens de nouer ce petit lien, c'est les médias: journaux, télévisions, radio, internet, peu importe le moyen, dès que l'on rejoint le lecteur et qu'on lui donne une idée de ce qu'il va trouver dans le livre, lui permettant mentalement de faire un choix avant d'entrer dans la librairie.  Il sait un peu plus ce qu'il cherche à ce moment-là et habituellement, il ou elle le demande en entrant.  Mais quand il s'agit de trouver un autre livre, un livre dont on a pas parlé dans les médias, là, les choses se corse.

Le lecteur arrive devant un livre avec lequel aucun lien n'a été créé.  C'est beaucoup plus difficile alors de créer le lien.  Le livre doit se vendre et ce n'est pas toujours facile parce que la compétition est rude.  Certains éléments aident, comme une bonne couverture ou une bonne quatrième de couverture.  Mais pour le libraire qui a trippé sur ce livre, le défi est entier.  Faire découvrir une oeuvre qu'on a proprement adoré, mais que les médias ont boudé, reste toujours un défi.

Primo et ça, ce n'est souvent pas le moindre problème, il faut quelqu'un qui ait envie de faire des découvertes.  J'aurais beau proposé quelque chose de différent à une habituée des préformatés à la Nora Roberts ou Danielle Steel, si cette personne ne veut rien savoir, ben, ça ne sert à strictement rien!  Alors de trouver le client qui va connecter avec le livre et ensuite, de faire découvrir le livre...  Il faut savoir trouver les mots, les formules qui vont permettre de dévoiler le livre, juste assez, mais pas trop.  Et aussi de trouver le lien entre les autres lectures de la personne et de la nouvelle oeuvre qu'on lui propose, tout en étant honnête et en lui disant qu'il va plonger en partie dans l'inconnu.  C'est tout un art.  Par contre, quand on a développé des liens avec certains clients, c'est plus facile.  Ils savent qu'on les connaît, ils savent qu'on ne les enverra dans des directions trop lointaine de leurs goûts.  Et que malgré tout, on risque toujours de se planter!

Un bon exemple qui me vient en tête quand je pense à ce petit exploit est L'appât de José Carlos Somoza.  À peine une mini-critique dans La Presse.  Rien d'autre, du moins, rien que j'ai vu.  À force de tâtonnements, j'ai fini par trouver la manière de nouer le lien, sans passer par d'autres livres.  J'ai réussi le tour de force de vendre une quinzaine de copies de ce livre, un à la fois.  Et de voir une bonne dizaine de clients me revenir tous sourires et me dire, hé j'ai adoré.  Dans ces moments-là, je suis heureuse.  Heureuse comme une lectrice qui réussit à partager ses passions, ses coups de coeur, son amour de la lecture.  Ce sont les plus beaux moments de ma vie de libraire.  Ils me demandent plus de boulot, mais quand la récompense est au rendez-vous, ça ne peut que donner le goût de continuer.

@+ Mariane

vendredi 25 janvier 2013

C'est au troisième tome qu'on le sait

Salut!

En bonne lectrice de série, j'ai fait au fil des années une constatation: le meilleur indicateur pour savoir si une série est bonne ou non, c'est le troisième tome.  Pas le premier, pas le deuxième, le troisième tome.  Pourquoi?  C'est bien simple.

Au premier tome, on découvre un univers, des personnages.  On les voit pour la première fois.  C'est l'attrait de la nouveauté.  Tout est neuf, tout est beau.  C'est comme une nouvelle relation: on se découvre, on s'apprécie, on ne montre souvent que le meilleur de nous-même, ou à tout le moins, on remarque pas mal moins les défauts de l'autre.  C'est si agréable, si merveilleux!  Le premier tome d'une série, c'est une porte ouverte, une invitation, un billet pour l'aventure.  C'est une promesse, pas un engagement.

Au deuxième tome, qu'on attend souvent avec impatience, c'est comme retrouver des vieux amis qu'on a pas vu depuis longtemps.  On retombe bien vite dans nos pantoufles.  Les personnages sont toujours là.  Ils avancent un peu, font de nouvelles découvertes.  C'est là que tout commence à partir.  À déraper si on découvre tout à coup des défauts que l'on avait pas vu avant, des petits détails, des toutes petites choses, mais on les voyait pas au premier tome, sauf que là, c'est le deuxième tome et pop, les petits défauts nous tombent sous le nez.  On ne les avait pas remarqué, là, elles nous tombent sur les nerfs.  Oh un petit peu seulement, un tout petit peu, mais tout de même...  Ou au contraire, on adore encore plus, on plonge à fond... et on se met à ronger les coins de ses livres en attendant le troisième tome!

Au troisième tome, là, on le sait.  On le sait si on aime vraiment, à fond ou si on déteste.  J'ai rencontré un grand nombre de personnes qui m'ont dit qu'elles avaient décroché au troisième tome.  Pas au deuxième, au troisième.  Si elles avaient aimé le premier bien sûr!  Je ne sais pas, même si le deuxième n'est pas excellent, on laisse souvent une chance au troisième tome.  Parce qu'on a aimé le premier.  Il peut y avoir un rattrapage au troisième tome, mais s'il n'est pas là, paf!  Les lecteurs décrochent!  Tout simplement.  Ou encore, accrochent, mais là, à fond.  Et deviennent de véritables mordus, mais mordus aux trippes!  Ce sont les meilleurs ambassadeurs d'une série.  Parce qu'ils l'adorent tout simplement.

Le véritable test d'une série, c'est le troisième tome.  Avant ça, rien n'est garanti, mais ensuite, on a d'énormes chances de continuer.  Que la série compte douze tomes... ou trois! ;)

@+ Mariane

mercredi 23 janvier 2013

L'interdit en lecture

Salut!

Je me rappelle m'être esclaffée toute seule sur mon divan, attirant une oeillade endormie d'une minette sommeillant au soleil.  C'était dans Un ange cornu avec des ailes de tôle, dans le chapitre consacré à Victor Hugo, où il racontait un moment mémorable: celui où l'un des pères enseignant du collège qu'il fréquentait se lance dans un discours implacable sur les livres à l'Index, donc interdit à la lecture, nommant de nombreuses oeuvres en les citant comme ne devant pas être lues.  Pendant ce temps, certains élèves... prenaient des notes!  Ben quoi!  Le pauvre père ne se rendait pas compte qu'en vitupérant contre certains livres et en leur donnant tous les défauts du monde, il se trouvait en train de leur faire une excellente pub, surtout du public d'adolescent avide d'interdit qui se trouvait devant lui...

L'Index.  Une looooooooonnnnnnnnnnnnngue liste de livres interdits de lecture par l'Église.  Sur la liste des auteurs qui sont interdit figure des noms aussi célèbre qu'Alexandre Dumas, George Sand, Jonathan Swift, Gustave Flaubert, Daniel Defoe et Honoré de Balzac, pour ne nommer que ceux-là.  (Bizarre, la liste sur Wikipédia ne mentionne pas le Marquis de Sade...  :P )  Des auteurs aujourd'hui reconnus comme les auteurs marquants de leur époque.  Trouver l'erreur!  N'empêche, pour les lecteurs de l'époque, ça devait être une sacrée liste de référence pour des idées de lecture.  La famille de Michel Tremblay, entre autres, ne se gênait pas pour lire des livres à l'Index!

Je repense à ces adolescents prenant des notes et je me dis que j'aurais sûrement fait comme eux.  Rien ne vaut le petit frétillement au coeur que provoque le fait de faire quelque chose d'interdit.  D'ouvrir un livre quand on en a pas le droit, pas celui-là.  Recommander un livre a un effet sur son nombre de lecteurs, mais de dire, ne lisez pas ça!, en a tout autant!  Parce que la saveur de l'interdit est irremplaçable.

Aujourd'hui, il n'y a plus d'Index.  L'Église catholique a cessé de produire cette liste en 1966.  C'est presque dommage.  Ça donnait de très bonnes idées de lecture!  Bon, peut-être pas toutes très catholiques (excusez le jeu de mots...), mais tout de même très intéressantes.  Il reste toujours les listes publiées par les groupes évangélistes aux États-Unis.  L'interdit en lecture est loin d'être mort! ;)

@+ Mariane

mardi 22 janvier 2013

Pause de critiques

Salut!

Bon, tout le monde doit l'avoir remarqué, j'ai de beaucoup, beaucoup diminué le nombre de critiques publiés depuis environ un mois.  Je ne tiens plus le rythme, tout simplement!  J'ai lu seulement quatre livres en décembre et deux depuis le début janvier, ce qui ne me correspond pas le moins du monde.  On dirait que je traverse une grosse crise avec mes lectures.  Ça m'est déjà arrivé, mais là, ça dure plus que de normal.  J'ai également fait une constatation: je me mets une énorme pression pour avoir toujours des critiques à poster en temps et heure dernièrement.  Et paradoxalement, ça m'éloigne des livres.  D'autant plus que ma vie quotidienne est plus qu'occupée dernièrement, avec la combinaison manque de temps libre et d'énergie que ça suppose.  Donc, pas de critiques pour un petit moment ici.  J'ai vraiment besoin de prendre une pause, un peu à l'image de ce que j'ai pris comme pause au niveau des billets l'été dernier. Ceux-ci vont continuer comme normalement, mais je ne déposerais pas de critiques.  Pour le moment du moins.  Besoin de reprendre mon souffle là-dessus et de retrouver le goût de lire juste pour le plaisir de me plonger dans une bonne histoire!

Si on se fie à ce que ça a fait avec mes billets depuis l'été dernier, une pause a été salutaire et même très productive!  Ne vous inquiétez pas trop tout le monde, la blogueuse va juste aller faire quelques autres trucs avant de revenir plus en forme! ;)

@+ Mariane

lundi 21 janvier 2013

Quand c'est juste trop bon

Salut!

L'autre jour, en parlant avec un rep d'un livre publié à l'automne, je lui disais à quel point j'avais aimé ce livre.

-C'est vrai qu'il était vraiment super bon!  Mais tu sais c'est quoi le problème?

Petit silence, je réfléchis.

-Comme il est trop bon, vous ne le vendrez pas?

-Exactement.

Hochement de tête commun.  Plate...  Mais vrai.

Voyez-vous, le problème avec certains livres est justement qu'ils sont bon.  Bon dans le sens, une bonne histoire, bien écrite avec de la chair autour de l'os, un style intéressant, une histoire sortant assez des normes pour être originale.  Dans le sens, voici une oeuvre qui apporte quelque chose de différent, d'intéressant, de nouveau!  Ben, cette oeuvre, oh pas tout le temps mais souvent, risque de passer à la trappe.  Chiant.

On dirait que dès qu'un livre a un tantinet plus de cachet, pour le commun des mortels, c'est trop compliqué.  Même s'il s'agit uniquement d'une écriture plus recherchée.  Même s'il s'agit d'une histoire qui s'éloigne tout juste des codes des différents genres.  Quand ça fait trop différent, les gens s'éloignent de l'oeuvre comme si elle allait être incompréhensible à cause de ça.  Oh là, je ne vous sort pas des sonnets de Shakespeare tout le monde!  Ou d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust!  Je vous parle d'un livre jeunesse de 160 pages super bien écrit.  Et oui l'histoire est intéressante.  Ce n'est pas parce qu'un livre est bien écrit qu'il est plate, bien au contraire.  Ça lui ajoute de la valeur.  Mais dite qu'un livre est plus littéraire et la moitié des gens changent leur fusil d'épaule.  Je déteste dire ça, mais certaines personnes sont allergiques au mot littéraire.  Comme si tomber dans un texte plus littéraire était de passer du français courant au grec antique alors que bien souvent, il n'y a qu'un pas à franchir, pas si difficile que ça dans la grande majorité des cas.  Et ce pas, c'est accepter de lire quelque chose de différent.

Quand j'adore un livre, j'essaie toujours de le défendre, de le faire lire à plein de gens, d'en parler partout et le plus possible.  Ce n'est pas toujours simple.  Quand un livre se démarque par ses qualités littéraires, ce n'est pas toujours l'argument à utiliser pour faire vendre le livre.  Au contraire.  Il faut savoir connaître ses clients, déterminer ce qui va l'accrocher.  Le métier de libraire est un métier de haute voltige parce que ce qui plaît à quelqu'un fait fuir une autre personne et que jamais, jamais, on ne doit juger les gens pour leurs goûts dans ce métier.  Je ne suis pas toujours d'accord, loin s'en faut, mais le jugement qui sanctionne n'a pas sa place dans ce métier. Mon travail consiste à ouvrir des horizons, à faire découvrir de petites perles littéraires.  C'est souvent frustrant, parfois difficile, mais quand on réussit, tellement gratifiant.

À vous tous, livres que j'ai lu et adoré et qu'à force de travail, j'ai réussi à faire découvrir à plein de gens, j'espère que vous avez su procurer autant de bonheur à autrui que j'en aie eu à vous lire.  Et que où que vous soyez, les gens gardent de vous d'aussi bons souvenirs de lectures que moi.

@+ Mariane

vendredi 18 janvier 2013

Les best-sellers et l'inconnu

Salut!

En travaillant en librairie, s'il y bien une chose qu'on comprend vite, c'est qu'on vendra toujours plus de Marc Levy que de Simon Boulerice, toujours plus de Stephen King que d'Akif Pirinçci, plus de E.L. James (beurk!) que de Natasha Beaulieu.  C'est comme ça.  Les best-sellers, on en vendra toujours plus que des autres.  Mais vous savez quoi?  Une fois assise devant mon bouquin, ça ne fait strictement aucune différence!

Quand je lis, je lis un livre, une histoire, une intrigue, un style et un auteur, pas des statistiques de vente, de coût de mise en marché et d'investissement marketing.  Ce qui fait que même si un livre a du succès, je m'en fou une fois assise devant lui.  Seul compte alors le livre, en lui-même.  Les livres très connus, tout comme les moins connus peuvent m'apporter autant de plus l'un que l'autre.  Aucune importance, aucun impact.  Encore une fois, comme souvent, le problème n'est pas entre les couvertures du livre, mais à l'extérieur...

La popularité d'un livre a de l'importance à un seul moment dans sa vie: quand il s'agit d'attirer les lecteurs vers lui.  À aucun autre moment sa popularité ne va rejouer autant d'importance.  Aucun.  Une fois plongé dedans, est-ce que vous avez repensé au Que le sort vous soit favorable inscrit sur la couverture des Hunger Games?  Ou à l'image sur la couverture.  Si oui, ben, on ne fonctionne pas de la même façon!  Personnellement, j'y repense surtout quand vient le temps de faire ma critique, mais encore là, c'est surtout pour bien la placer que j'y repense.  Mine de rien, c'est tout un art de critiquer!

Alors, lire des inconnus?  Je l'ai fait de nombreuses fois, parfois avec bonheur, d'autres fois, je me suis dit que ces auteurs méritaient de rester des inconnus.  Un peu comme avec les best-sellers!  Peu importe la notoriété ou l'absence de notoriété d'un livre, ce qui est important, c'est le bonheur que l'on prend à le lire.  Point.

@+ Mariane


mercredi 16 janvier 2013

La littérature n'a pas besoin du numérique

Salut!

Je suis tombée il y a quelques temps sur ce billet de Pierre Folgia dans La Presse.  Il date d'il y a deux ans.  Deux ans seulement.  Pas très longtemps en terme de temps, mais quand on parle des hautes technologies, c'est des siècles.  Foglia y disait qu'il avait commencé à lire sur son IPad.  Chouette.  Cependant, il met dans ce billet le doigt sur un truc important: le numérique, est-ce que ça va vraiment aider la littérature?

Soyons sérieux, croyez-vous vraiment qu'Amazon, pour ne nommer que lui, est vraiment un fan de littérature?  Qu'on peut le considérer comme un libraire, un vrai?  S'il y en a un seul qui répond oui à cette question, qu'il aille voir ailleurs que sur ce blogue!  Que quelqu'un vende des livres ne fait pas de lui un libraire, de la même façon que de vendre des disques ou des DVDs ne fait pas d'une personne un spécialiste de la musique ou du cinéma.  On vend le support, papier ou numérique, mais le contenu, la littérature, ce n'est pas une préoccupation.  Il est de notoriété publique qu'Amazon se sert du livre numérique pour vendre toujours plus de Kindle.  Peu importe ce qui se retrouve dans ces livres numériques, ils sont ce qu'on appelle dans le jargon un produit d'appel: pas cher, il sert à faire vendre un autre produit, ici la Kindle.  Un peu comme les cannes de tomates à 99¢ vous poussent à aller chez IGA plutôt que Loblaws.  Le problème étant qu'ici, c'est de la culture que l'on parle, pas de tomates.  Et qu'un livre restera le même qu'il soit chez Wal-Mart, Costco ou encore chez votre libraire du coin.

D'autant plus que combien de titres sont réellement vendus comme produits d'appel?  À peine une cinquantaine de titres.  Je reçois plus de titres que ça en deux jours de boulot.  Ces livres d'appels sont donc des livres facile à lire, sinon, pire, préformatés pour répondre à certaines besoins.  On y trouvera pas un petit bijoux littéraire, parce que le simple fait de dépasser le niveau commun risque de miner ses chances de percer.  Oh, il y en a, mais est-ce la majorité?  Et alors, le pousser en avant?  Dire, vous avez lu ceci, vous aimerez sûrement?  Laissez-moi rire!  On se concentre sur des ventes faciles.  Aucune préoccupation culturelle là-dedans, que du commercial.

Un truc qui est sûr, c'est que le numérique a de l'avenir.  Sous quelle forme?  Je ne sais pas.  Néanmoins, au-delà de la guerre des supports, le grand perdant est le lecteur, celui qui aime lire de bons livres, parce que la perte de l'ancien système sans être remplacé par quelque chose de durable de l'autre côté va considérablement nuire à la littérature.  Le système actuel est bourré d'imperfections, je le reconnais, j'en suis même tout à fait consciente (et bien placée pour voir ses effets), mais reste qu'il a pour principal mérite de donner une petite chance à pas mal tout le monde en plaçant les livres de façons égales sur les tablettes des librairies.  Et de compter sur des passionnés pour faire découvrir des oeuvres moins connues aux lecteurs le moindrement curieux.  Tout le contraire d'Amazon pour qui un livre est interchangeable avec un autre, tant qu'il vend bien!

Tout ça pour dire que la littérature n'a pas besoin du numérique.  Le numérique est un support, pas une fin en soi.  Cependant, sera-t-elle assez forte pour résister au rouleau-compresseur du numérique?  Ça, ça reste à voir.  Ceux qui ont le plus à perdre dans le numérique, ce sont les lecteurs.  Même si aujourd'hui, ils ont l'air largement avantagé par ce nouveau support.

@+ Mariane

mardi 15 janvier 2013

Hanaken: 2- L'ombre du daimyô de Geneviève Blouin

Hanaken  tome 2  L'ombre du daimyô  Geneviève Blouin  Phoenix  256 pages


Résumé:
Deux ans se sont écoulés depuis la mort des deux aînés de la famille Hanaken.  Yukié et Satô sont maintenant pleinement reconnus comme des proches du seigneur Takayama, Satô comme maître d'arme et Yukié comme garde du corps.  Cependant, comme tous les seigneurs, Takayama lui-même doit obéissance à un daimyô, un seigneur plus puissant.  Et quand celui-ci fait appel à Takayama pour mener une guerre, Satô et Yukié doivent prouver leur sens de l'honneur et du devoir en suivant leur seigneur.

Mon avis:
J'avais hâte de retrouver mes petits samouraïs.  Sans blague!  L'efficacité de l'écriture de l'auteure pour ces aventures à la fois bourrée d'actions et pourtant extrêmement bien documentée y trouve toute sa force.  Dans ce deuxième opus, Satô, qui avait un rôle plus secondaire dans le premier tome y devient un personnage beaucoup plus important.  Et surtout, plus riche sur le plan psychologique.  Quand à Yukié, elle est égale à elle-même et ne perd rien par rapport au premier tome.  Même ses amours ne m'ont pas trop tombé sur les nerfs!  Les scènes de combat sont bien décrites et on se sent à côté des personnages pendant qu'ils bataillent.  La représentation de la société japonaise d'alors y est excellente, mais pas pédagogique.  On en saute de larges bouts, essentiellement inutiles à l'histoire, mais ce qui est présent est bien représenté.  J'ai surtout aimé que l'on voit tous ces détails à travers les yeux des personnages principaux.  Ça fait moins pédagogique et on comprend quand même parfaitement.  Et ça limite l'effet je-saupoudre-ici-et-là-quelques-éléments-historiques-pour-montrer-que-ça-se-passe-à-cette-époque-là qui m'a tant tapé sur les nerfs dans d'autres livres.  Bon, après toutes ces fleurs, les petits pots: l'intrigue prend du temps à se placer dans un premier temps, on se demande pendant un moment où on s'en va.  Par la suite, à l'arrivée en scène du personnage de Nobunaga, tout déboule d'un coup et presque trop vite.  Le pouvoir de persuasion de celui-ci est un tantinet trop intense pour être réaliste.  De plus, j'ai vu à plusieurs reprises des erreurs dans les déplacements des personnages au sein du même scène, genre, deux personnages s'éloignent pour discuter à voix basse et au paragraphe suivant l'un des deux est à côté d'un des personnages resté à l'écart.  C'est surtout très présent dans la première partie, ensuite, j'ai moins remarqué.  Ne vous y trompez pas par contre: ça reste une excellente lecture, à mettre entre toutes les mains!  Ce livre est comme une fleur de cerisier: il a beau ne pas être parfait, il est magnifique dans ses petites imperfections!

Ma note: 4.5/5

lundi 14 janvier 2013

Pas le meilleur au menu

Salut!

En relisant mes billets de 2012, j'ai fait une constatation: je suis revenue à plusieurs reprises sur un même sujet: je déteste les gens qui disent lisez de la littérature québécoise... parce que c'est de la littérature québécoise.  Je fais pratiquement une crise d'urticaire quand on me parle de cela, même si la personne en face de moi est pleine de bonne volonté.  D'autant plus que ça peut paraître bizarre vu le plus grand respect que j'ai pour les auteurs d'ici et tout le boulot que je fais dans ma vie quotidienne pour faire découvrir des auteurs d'ici.  Tout ça m'a fait réfléchir, beaucoup.  Je ne suis pas sûre d'avoir trouvé toutes les raisons pour lesquelles ça m'horripile à ce point, mais en attendant, je crois en avoir trouvé quelques-unes.

La première et non la moindre sans doute, est que je trouve que le meilleur de ce qu'il se publie ici passe souvent inaperçu au chapitre des ventes.  Pour un L'homme blanc de Perrine Leblanc qui réussit à se frayer un chemin, combien d'histoires de chick-lit, de romans dit historiques se passant dans le fond d'un village et de romans écrits par une comédienne ou un journaliste?  Voyons voir, je n'ai absolument rien, mais rien du tout contre la chick-lit.  Je sais que bien des gens adorent ce genre et tant qu'à voir ces ventes s'envoler vers les comptes bancaires d'auteurs étrangers, j'aime mieux qu'on lise les plumes d'ici.  Mais combien de ces livres sont écrit en format pré-formatés pour plaire à un public-niche hyper-ciblé avec des couvertures tapageuses conçues pour attirer l'oeil sur des corps de mannequins?  Combien de fois répétera-t-on la même histoire d'un homme et d'une femme qui se rencontrent, se disputent, se réconcilient, répéter vingt fois les deux dernières opérations en changeant légèrement le décor à chaque fois pour obtenir un roman?  Je suis sévère, je sais, j'en suis même parfaitement consciente.  Parce qu'il y a des perles qui émergent dans la chick-lit, j'ai deux ou trois titres en tête qui offrent d'excellents histoires et qui font honneur à la fois au genre et à la littérature!  Mais que mes clients se pâment devant les trucs publiés à répétition me désole, surtout quand elles ajoutent: «Et en plus, c'est un/une auteure québécois(e)!».  Ça m'horripile...

Et les séries dites historiques...  Qui a-t-il de plus répétitif encore une fois que des séries racontant des histoires de villages?  Que l'on soit au Québec, en Afrique du Nord, en Inde ou en Papouasie, la jalousie, la haine et les petits règlements de comptes mesquins entre voisins orgueilleux sont la norme de ce genre de roman.  Y-a-t-il une gloire quelconque à les retrouver au sommet des ventes?  Surtout quand on se rend compte que la majorité (sans être la norme) sont des séries de 4 tomes publiés à coup de 3 tomes par année.  De quoi maintenir en haleine les lecteurs, c'est sûr, mais comment réussir à produire autant autrement qu'en suivant une recette?  J'ai du mal à y croire en tout cas, et l'expérience semble me le confirmer.  Ce ne sont pas tous les auteurs qui réussissent à vivre de façon monacale comme Amélie Nothomb pour produire un livre par année et là encore, elle ne réussit pas son coup à tous les ans.  Alors trois bouquins par année?  Je ne peux me résoudre à y voir des romans historiques de toutes façons.  Pour en avoir lu des tonnes, ça, non, je suis incapable d'y voir quoi que ce soit d'historique, juste des sagas familiales.  De qualité?  Je n'oserai me prononcer, je n'en aie pas lu beaucoup, du moins de récentes.  Mais bon, c'est écrit par un(e) québécois(e)...

Et les auteurs célèbres...  Ah ça!  Souvent, dans les publicités, le visage de la personne est plus gros que la couverture du livre, tout l'inverse de quand c'est un auteur qui n'a pas de réputation d'établie qui fait paraître un livre.  On utilise une personnalité pour vendre un livre.  Le livre est-il bon?  Peu important dans le fond, ils servent à faire rentrer les profits avant tout.  Soyons honnête, ces livres sont rarement des chefs-d'oeuvres.  Oui, il y en a qui émergent du lot, mais aie-ce la norme?  Pas vraiment.  On achète un livre d'une personne qu'on connaît, l'intrigue a bien souvent peu à voir avec le choix du livre qu'on va lire, comme une garantie morale que ce qu'on va lire est bon parce que la personne est connue.  Et en plus, c'est un(e) québécois(e)!

Vous commencez sans doute à comprendre d'où me vient mon irritation!  Parce que, et je trouve ça déguelasse, les meilleurs livres d'ici ne sont souvent connus que d'un cercle restreint de lecteurs, ceux qui suivent un peu la presse spécialisée, ceux qui prennent la peine de se renseigner, même pas de chercher, juste d'être prêt à prendre un tout petit peu de risques.  De s'éloigner du connu, du pré-formaté et de se lancer à l'assaut de la découverte.  Des plumes québécoises extraordinaire, il y en a des tonnes, mais elles peinent souvent à se faire connaître et à vendre.  Notre littérature est riche, merveilleusement riche et je ne parle que de ce qui réussit à se frayer un chemin vers la publication!  Combien d'autres textes, sans doute excellents, ne sont pas publiés parce que «pas vendeurs»?

Vous comprenez sans doute maintenant d'où vient mon irritation, du pourquoi je me braque quand on parle de littérature québécoise et les gens qui disent beaucoup en lire.  Bien souvent, on me cite les trois ou quatre mêmes auteurs, sans tenir compte de la richesse de ce qui se produit ici, sans se rendre compte que ce n'est que la pointe d'un iceberg, la montagne qui cache des diamants en son centre.  Non, ce n'est pas parce que c'est québécois que c'est bon ou non, mais de s'intéresser à ce qui se produit permet de faire de merveilleuses découvertes.  Dès que l'on prend la peine de creuser ne serait-ce qu'un peu.

@+ Mariane

vendredi 11 janvier 2013

Drôles de clients! Prise 14

Une cliente appelle concernant une biographie d'Alexandre le Grand publié chez Tempus (pour ceux qui ne savent pas, c'est la collection en format poche de Perrin, une maison d'édition spécialisée en histoire dont tous les livres sont indiqués Public motivé sur ma banque de données)

-Est-ce que c'est facile à lire?

-Tous ce qui est publié chez Tempus est assez exigeant à lire Madame.

-Ah, c'est parce que je l'achète pour mon petit-fils, ils l'ont appelé Alexandre en l'honneur d'Alexandre le Grand.

-Ah d'accord!  Écoutez, c'est pas une lecture facile en partant, est-ce qu'il aime lire?  Parce qu'une biographie chez Tempus, c'est pas vraiment une lecture détente, c'est fait par des historiens spécialiste quand même!

-Laissez-lui le temps, il a 7 ans!

-...

J'ai finalement réussi à la convaincre de prendre une biographie d'Alexandre le Grand dans une collection jeunesse.

***********************************

Une dame entre en compagnie d'une jeune adulte d'une vingtaine d'années.  Elle me demande un livre sur les roches et minéraux.  Je les dirige vers le bon endroit et comprend à leur discussion qu'elles viennent pour le cadeau d'anniversaire du fils/frère.  Je les laisse regarder les livres et m'éloigne, mais après quelques pas, j'entends un soupir grandiloquent de la jeune fille.

-Y pourrais pas tripper sur les jeux vidéos comme tout le monde???

*************************************

L'une de mes collègues répond au téléphone.

-Vendez-vous des dictionnaires?

-Bien sûr Monsieur!

-Ah tant mieux, j'aurais besoin que vous me cherchiez une définition!

-???

***************************************

Un client entre en magasin et demande si on a le dernier livre de Philippe Djian, Oh!.  Ma collègue qui lui a répondu en premier me lance:

-Est-ce qu'on a le dernier Philippe Djian?

-Hum, pas sur les colonnes en tout cas (l'endroit où on met toutes les nouveautés)

-Oh! (Dubitatif) fait le client.

Ma collègue et moi échangeons un regard.

Je vérifie dans l'ordinateur et lance:

-Ah, on en a dans les rayons!

-Oh! (bonne nouvelle) fait le client.

Je me lève avec un petit sourire et vais chercher le livre que je remets au client.

-Ooooooohhh! (content!) fait le client

Puis, il a un petit sourire et s'éloigne vers la caisse.  Ma collègue et moi nous regardons et lançons en coeur:

-Oh! (on l'a eu!)

@+ Mariane

mercredi 9 janvier 2013

Surveiller ce que lisent les jeunes

Salut!

Beaucoup de parents viennent magasiner des livres pour leurs enfants.  Je ne comprends pas pourquoi ils viennent sans eux, mais bon, aller comprendre, on dirait qu'ils pensent qu'ils vont découvrir la perle rare à leur place, comme si pour trouver le chandail idéal pour une jeune adolescente, il fallait ne pas l'emmener faire les magasins.  Trouvez l'erreur!  Toutefois, c'est plein de bonne volonté qu'ils débarquent au magasin.  Et ils prennent le temps de vraiment regarder à fond et de se faire conseiller.  Sauf que...  Ben, ce sont des parents.  Avant tout et surtout.  Alors, ne passe pas tout ce que les jeunes lisent et aiment lire!

J'ai vu des parents repousser du revers de la main les Hunger Games parce que c'était trop violent.  Ok, tout à fait d'accord, ce n'est pas une histoire pour les gamins que celle-là.  Mais de là à la condamner entièrement et totalement du premier coup parce que c'est violent...  Votre enfant joue à des jeux vidéos Madame?  Oui?  Il y a de grosses chances qu'ils aient vu semblable chose et même pire.  J'ai eu de la difficulté à faire découvrir les Clowns vengeurs à des ados de 16 ans pour la même raison.  Pourtant leur mère leur a mis dans les mains un Stephen King sans le moindre problème.  Trouvez encore une fois l'erreur!

Et le sexe?  Pas dans les livres jeunesse SVP!!!  Non, jamais, ça n'existe pas!  Parler de sexualité à des ados devrait être interdit à entendre certaines personnes.  Pas en bas de 18 ans!  J'admire le courage de Marie Gray d'avoir oser écrire des romans parlant sans tabou de sexualité auprès des ados.  Elle prévient tout le monde, que c'est de cela que ça parle avec une mention claire 14-18 ans sur la couverture, mais ça cause quand même un malaise auprès des parents.  Pas des ados par contre, qui y trouvait largement leur compte.  Quand ils ou elles viennent en librairie!  Mais ça, c'est souvent sans maman...

Ok, je mets la situation au pire et la plupart des gens ont un bon seuil de tolérance.  Ils surveillent, mais de façon raisonnable.  Oui, Hunger Games, c'est sans doute trop violent pour une jeune fille de 10 ans, mais pas de 14.  Et oui, certains romans sont beaucoup trop sexuels pour des ados, mais rassurez-vous, ils ne sont pas dans la section jeunesse.  Mais qu'est-ce qu'on peut se poser de questions concernant les livres que les jeunes peuvent lire.  J'ai parfois l'impression que certains parents souhaiteraient retourner au temps des bonnes vieilles lectures édifiantes de l'Église catholique pour être sûr qu'il n'y ait rien de mal dans les livres lus par leurs enfants. 

Un seul détail par rapport à cela; ces livres étaient rarement aussi enlevant que la littérature pour ados actuelle!

@+ Mariane

mardi 8 janvier 2013

Coeur d'encre de Cornelia Funke

Coeur d'encre  Cornelia Funke  Gallimard  600 pages


Résumé:
Depuis qu'elle est toute petite, Meggie vit seule avec son père Mo.  Ils déménagent souvent, au gré des contrats de son père, réparateur de livres anciens.  Sa mère?  Partie quand elle était jeune, elle n'en garde que peu de souvenirs.  Son père lui raconte des histoires à son sujet, lui disant qu'elle est partie en voyage.  Jusqu'au jour, où en pleine nuit débarque chez eux Doigt de poussière, un homme étrange qui dit à Mo qu'ils doivent aller rejoindre un certain Capricorne.  C'est le point de départ d'une histoire où Meggie découvrira que celle des livres ne se déroule pas toujours dans leurs pages.

Mon avis:
Ayant déjà vu le film, j'avais tout le temps les images de ce dernier dans la tête en lisant le livre.  Par contre, je dois avouer que celui-ci soutient largement la comparaison.  Malgré un rythme beaucoup plus lent, le livre réussit tout de même à nous accrocher et à avoir le goût d'aller plus loin.  L'intrigue, plongée dans les racines des classiques des livres, est très bien faite.  On y croit, à ces langues magiques capables de faire jaillir les personnages des histoires.  Cependant, j'ai trouvé l'univers un peu plat, des personnages méchant, trop méchant et une multitude d'allers et retours au village de Capricorne qui n'en finissaient plus.  Un bon livre, une bonne lecture, mais je n'ai pas la moindre envie de retourner dans cet univers, même s'il existe deux suites à ce livre.  Pour une fois par contre, je vais peut-être jeter le blâme sur le fait d'avoir vu le film avant, ça a gâché pas mal du punch du livre!

Ma note: 3.5/5

Je remercie Gallimard et plus particulièrement Michel pour ce service de presse.

lundi 7 janvier 2013

La violence en littérature est-elle pire qu'au cinéma?

Salut!

Lors d'une discussion à bâtons rompus avec un gars que je connais, il me déclare avoir très hâte d'emmener son fils de 6 ans voir les Avengers.  Surprise, je lui fais la remarque que celui-ci est peut-être un peu jeune pour ce film.  Ça ne semblait pas lui causer de problèmes.  À l'inverse, j'ai vu plusieurs parents d'ados littéralement fuir Hunger Games parce que c'était beaucoup trop violent.  Pourtant, les deux sont violents, pourquoi la violence dans un livre serait-elle pire qu'au cinéma?

Quand on parle de violence, il y a différentes façons de la voir et de l'aborder.  Avengers fait dans la violence cool, on la tourne au rire, on en fait une occasion de voir un film d'action et de s'amuser de ça.  Hunger Games dénonçait la même violence.  Cette fois, on en riait pas, bien au contraire.  Un peu à la manière dont les jeux du cirque romain étaient un divertissement pour les gens dans les gradins et une terrible réalité pour ceux qui étaient dans l'arène.  Et puis, il y a une différence entre montrer la violence et la décrire.  Si on voit un personnage se prendre une balle au grand écran, on sait qu'il a mal, mais si on décrit la même scène, la douleur prendra plus de place dans la description.  On peut beaucoup moins facilement la fuir.  Peut-être est-ce pour ça qu'on trouve la violence pire dans les livres.  Il est plus difficile de la tourner à la blague, d'en montrer le ridicule, d'en faire quelques chose de drôle.  De nous mettre sur le bout de notre chaise, oui.  De la dénoncer, oui.  De nous faire entrer dans la tête de la personne qui la fait ou qui la subit, oui, mais en même temps, on sera plus profondément dans l'être de la personne, parce que l'écrit nous permet d'être entièrement dans sa tête, dans son corps, dans ses émotions.  D'une certaine façon, c'est peut-être ce qui rend la violence pire.

Autre détail, on ne peut pas tout montrer dans un film.  Il y a une limite à ce que le cinéma, l'image peut montrer.  En littérature, non, il n'y a pas de limites.  Aucune.  On peut tout montrer, tout dire.  Il n'y a pas la pudeur d'un acteur ou d'un actrice à protéger, les limites de la décence à surveiller ou encore la capacité de supporter de tels images à prendre en compte.  Il n'y a aucune limite.  Et on est plus proche des personnages que l'on ne le sera jamais au cinéma parce qu'on est dans leur tête.  Cela rend-t-il la violence en littérature pire?  Non, mais plus réaliste, plus proche, plus puissante.  Et je peux comprendre que cela rende certaines personnages plus chatouilleuse à son sujet.

@+ Mariane


vendredi 4 janvier 2013

Quand une de nos lectures résonne avec l'actualité


Salut!

À l'automne de l'an dernier, lors du suicide de Marjorie Raymond, je ne pouvais m'empêcher de penser à La réparation de Katia Gagnon.  Le roman parlait du suicide d'une adolescente et de l'enquête de la journaliste suite à ce suicide.  Je ne sais pas, ça m'a fait réfléchir.  On aurait dit que d'avoir lu le roman m'a permis d'un peu mieux comprendre la situation.  Parce que j'avais pu rendre visite à des gens qui avaient ressenti ce que les gens devaient ressentir à ce moment-là, dans cette polyvalente-là.  Par l'intermédiaire d'une fiction certes, mais tout de même.

Mine de rien, les romans se nourrissent de la réalité et nous la rendent, un peu déformée par la fiction, mais on peut sentir le vrai à travers tous les ajouts.  L'histoire de cette adolescente qui se suicide, c'est à la fois son histoire à elle et celle de toutes les adolescentes et tous les adolescents qui ont fait face à la même chose.     On se sert d'une personne, d'une situation pour montrer, expliquer, celles que vivent bien d'autres personnes dans la même.  La fiction sert ici à marquer la réalité.  À la transcender pour faire comprendre les émotions, les réactions, la façon dont ça se passe dans la vraie vie.

La fiction a ceci de puissant qu'elle peut dépasser le réel pour mieux le rendre.  Que l'on utilise la littérature, la musique, le cinéma ou toute autre forme d'art, la fiction permet de mieux comprendre le monde.  Pour ma part, le roman est ma forme préférée, mais aussi celle que je considère, avec le cinéma, comme la plus adaptée pour montrer toutes les facettes de l'expérience humaine et même peut-être davantage que le cinéma, parce que le roman permet de pénétrer dans l'intime, dans le corps et l'âme des personnes.

Alors quand un roman résonne avec ce qui se passe alentour de nous, on peut penser au roman que l'on a lu et se faire une représentation plus juste de ce qui se passe sous la surface des choses que nous montre les médias, peut importe ce qu'il recouvre.  Aller en profondeur pour mieux comprendre.  Dans les pires cas comme dans les meilleures, la littérature nous offre un miroir de nous-mêmes.  À nous de le découvrir pour mieux le comprendre et apprendre.  Et pour éviter d'autres Marjorie Raymond.

@+ Mariane

jeudi 3 janvier 2013

Le deuil post-série

Salut!

Je me rappelle cet instant.  Il était tard dans la nuit, quelques heures du matin sans doute.  J'ai tourné la page.  Je venais de finir le dernier Harry Potter.  À tout jamais.  Jamais plus je ne plongerais dans cet univers.  Plus de nouveau tome à attendre impatiemment.  Plus de nouvelles aventures de Harry, Ron et Hermione.  C'était fini.





Silence





J'avais envie de recommencer le livre sur le coup, de repartir du premier, de relire, je ne sais pas, tout, plutôt que cet immense gouffre de fin de série.  Je n'allais plus jamais les revoir, ils étaient partis, envolés.  Ce n'était pas la première fois que je finissais une série, ni même une série que j'avais adoré, mais cette fois-là, j'ai vraiment vécu un blues post-série intense.  Tellement que je m'en rappelle encore parfaitement aujourd'hui.

Chaque fois, chaque fois, ça représente un deuil.  Un vrai deuil.  Plus ou moins gros selon l'intensité du trip qu'a représenté la série.  Plus ou moins profond, plus ou moins durable.  Mais un deuil quand même.  On quitte des personnages qu'on ne reverra plus.  Il faut les laisser aller, accepter que ces personnages de papier quittent nos vies à jamais, accepter qu'ils continuent leurs vies imaginaires sans nous, sans notre regard, notre attention.    Que l'auteur veuille se consacrer à d'autres univers, d'autres personnages, je peux le comprendre, mais souvent, moi, j'en prendrais plus.  Dommage.

C'est le problème avec les séries, on s'attache profondément à des personnages, étant donné que l'on vit à leurs côtés pendant longtemps, mais à la fin, il faut savoir leur dire au revoir.  C'est triste, c'est plate, mais c'est nécessaire, tellement nécessaire.  Parce que contrairement aux gens dans la vraie vie, les personnages de papier ne partageront pas notre vie pour toujours.  Ils n'y font qu'un bref passage.

N'empêche, c'est toujours triste de devoir leur dire adieu à jamais!

@+ Mariane

mercredi 2 janvier 2013

Les jolies couvertures

Salut!

J'ai beau être libraire, je suis avant tout une lectrice et le livre, qu'on le veuille ou non, un livre, ça se vend en partie à cause de son visuel.  Certaines maisons d'éditions n'y ont certes rien pigé et nous servent encore des couvertures d'une platitude consommée.  Il n'y a qu'à penser à Gallimard.  Certes, on reconnaît du premier coup d'oeil leurs bouquins, mais c'est pas un peu plate comme couverture vous trouvez pas.  Il n'y a pas beaucoup de différences entre Vol de nuit (paru originalement en 1931) et Trois femmes puissantes (Goncourt 2009)



Plutôt redondant non?  Par chez nous, certaines maisons font aussi voeu de sobriété, par exemple, Le Quartenier.


Une chose que je respect profondément par contre, l'élégance de ces couvertures valant largement leur absence d'artifice.

Mais bon, je suis une indécrottable visuelle et j'aime les jolies choses.  Et j'aime quand une couverture de livres me parle de l'histoire.  Par exemple, une couverture que j'avais littéralement adoré, Roman-Réalité de Dominic Bellavance.


Regardez-moi cette bouche qui vomit des mots!  Ça donne une idée du roman, de ce qu'on va trouver à l'intérieur, sans même nous parler de l'intrigue!

Et celle-ci:

Cet oeil qui nous regarde, très maquillé, avec des pierçings.  Ça donne un sacré indice, ça nous parle, ça nous attire vers le livre.  C'est magnifique.

On sous-estime facilement l'importance du graphiste dans la vente d'un livre.  Ce boulot est plus important qu'il n'y paraît.  Les graphistes, les illustrateurs: des artistes silencieux qu'on connaît rarement, mais qui ont une importance inestimable pour la vie d'un livre et son envolée vers de nouveaux lecteurs.

@+ Mariane

mardi 1 janvier 2013

Résolution 2013

Salut!

Comme chaque année à la même date, il est temps de prendre quelques résolutions de lecture pour l'année à venir.  Étant donné que je soupçonne que mon année sera riche en beaucoup de lectures à faire, disons rapidement (plus on s'implique dans le milieu littéraire, plus c'est le cas!) et que je trouve un peu trop difficile de me mettre des objectifs trop contraignants, j'ai décidé de résumer toutes mes résolutions à une seule: me faire plaisir.  En 2013, je veux me faire plaisir dans mes lectures!  Voilà tout!  Le reste, ce sont des souhaits, que je ne suis nullement tenue de respecter pour la nouvelle année, juste des souhaits, des choses que j'aimerais faire...

Lire du théâtre
Parce que j'en lis peu et que mine de rien, c'est toujours intéressant à lire.  De plus, j'ai une bande de copain qui aime bien le théâtre, alors autant aller voir des pièces de théâtre et les lire, ça donne une très bonne idée de cet art.

Lire des contes en version originales
Genre, lire Alice au pays des merveilles, Gulliver, les contes de Perreault, Grimm et les autres, mais tels qu'ils ont été écrit au départ, loin des versions que Disney en a fait.

J'en aie lu un, j'ai adoré, je veux en lire un autre
Lire un livre d'un auteur que j'ai adoré, mais dont ma découverte de l'oeuvre se limite à une seule.  Mettre dans cette catégorie Michel Tremblay, Natasha Beaulieu, Ève Patenaude, Guy Bergeron (tous deux découverts grâce aux Clowns vengeurs), Stéphane Dompierre et Wajdi Mouawad.  Wahou, que des québécois!  Quelques étrangers?  Joanne Harris, Anna Gavalda et Jonathan Coe entre autre.  Je manque d'inspiration.  Liste à garnir!

Rentabiliser la Bête
En lisant quelques classiques français du XIXe siècle.  Je sais que je lis un Jules Verne par année et que le prochain sera sans doute lu sur la Bête encore une fois, mais il y en a tant d'autres!  Dumas, Flaubert, Zola, ah, mes amis!  Je vais enfin pouvoir vous découvrir ou vous redécouvrir!  Ah oui et lire les Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe aussi, idéalement dans la traduction de Baudelaire (si je mets la patte dessus!)

Finir quelques livres commencés depuis des lustres
J'ai une pile de livres commencés, mais que j'ai abandonné en cours de route.  J'aimerais bien en terminer quelques-uns.  La lecture de plusieurs d'entre eux faire sérieusement diminuer ma PAL!  Et puis, souvent, de telles pauses sont salutaires dans la lecture d'une oeuvre.  On finit plus facilement le livre ensuite.

Lire de vrais livres d'histoire, écrits par des historiens
Ça, c'est la fille qui a étudier en histoire qui trouve qu'elle est en manque de faits, de dates, d'analyse et de découvertes.  Quand à la région ou à l'époque... liberté totale!

En lire un par année
Je le fais avec Jules Verne, mais je me dis que l'oeuvre de certains auteurs se dégustent bien comme ça, une petite bouchée annuelle.  Donc, Verne, mais aussi Élisabeth Vonarburg (bon, elle, on peut parler d'une série par année!), Berhard Schlink...

Lire les deux derniers Jean-Christophe Ruffin que je n'ai pas lu
Ruffin est mon auteur fétiche, j'ai pratiquement tout lu de lui... sauf ses deux plus connu, soit L'Abyssin et Sauver Ispahan...  Faudrait bien que je m'y mette un jour!

Continuer à lire autant de BD
Parce que j'aime ça pardi!

Découvrir de nouveaux auteurs
D'ici, d'ailleurs, peu importe.  Tant que j'ouvre encore plus mes horizons!  J'ai même une petite liste à piger dedans si je manque d'inspiration ;)  Des exemples? Frédéric Beidbeiger, Louis-Ferdinand Céline (par ici la Bête!), Marie Laberge, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac, Marie-Claire Blais, Philip K. Dick, Terry Pratchett, Franz Kafka, Arto Paasilinna...  La liste est encore longue hein!  J'ai du choix! :P

Jamais je ne vais faire tout ça, mais c'est agréable de se rappeler nos souhaits de lecture...  Ça recentre vers ce qui nous tente vraiment.  2013, année plaisir littéraire!

@+ Mariane